Le ju-jitsu est, de nos jours, un terme générique englobant toutes les techniques de combat, à main nue (à part le karaté, qui n’est venu au Japon qu’au début de ce siècle). En réalité, une foule d’autres appellations recouvraient la même réalité; ainsi on disait indifféremment: chogusoku, genkotsu, gusoku, chikarakurabe, nakushi, kogusoku, kempo, toride, yawara, wajitsu, shikaku, kumiuchi, koshi no mawari, aiki-jitsu, tai-jitsu, hakuda.

Les origines du ju-jitsu

Au milieu du XIX siècle, la situation du ju-jitsu est des plus confuses; il n’est pas possible d’espérer faire un jour une discrimination correcte entre les écoles (ryu),tant les interférences deviennent évidentes dès que l’on se penche plus avant sur ce problème. Trop souvent les techniques sont les mêmes sous des vocables différents,et ce pour plusieurs raisons. L’isolement géographique et le manque de contacts en raison des distances ou de l’autarcie due aux guerres incessantes, fut souvent la cause de recherches parallèles et de l’élaboration de techniques jumelles, chaque fondateur d’école étant persuadé de son originalité. Les premières écoles de ju-jitsu tout élémentaires qu’elles aient dû être à cette époque, remontent bien avant les sources écrites que l’on trouve dans l’ancien Japon (notamment les chroniques guerrières) ou les archives laissées par les fondateurs (souvent des makimono, rouleaux de parchemin relatant l’histoire de l’école depuis ses origines). On trouve cependant généralement trois versions pour expliquer l’origine du ju-jitsu:

  • il est né à partir d’éléments strictement indigènes
  • il se fonde sur des techniques importées de l’extérieur (Chine)
  • il est une combinaison des deux premières versions.

La troisième version est bien plus près de la vérité: soit par l’intermédiaire de Japonais voyageant en Chine, soit par celui de Chinois, souvent commerçants venus dans l’île. Cependant il est impossible d’établir une filiation exacte; il est probable que la première osmose sérieuse eut lieu au XIIe siècle, à la faveur du passage du Bouddhisme zen de la Chine au Japon; sans doute certains lettrés et moines chinois apportèrent-ils également des éléments de kung-fu. C’est d’ailleurs au XIIe siècle, d’après un vieil ouvrage, le « Gukansho », que Minamoto no Yoritomo, lui même fondateur du gouvernement de Kamakura, pratiquait habilement le ju-jitsu; on l’appelait alor tegiki ou tedori (signifiant « mains habiles » ou « maniement des mains dans le combat »). Une autre trace sérieuse, au point que nombre d’historiens, avouaient y voir le véritable acte de naissance, du ju-jitsu, est laissée au XVIe siècle par Hisamori Takenouchi, fondateur de l’un des styles majeurs. Enfin, deux autres précurseurs apparaissent au XVIIe siècle :

  • Le premier est Chinois, et vécut de 1587 à 1670, après avoir été naturalisé Japonais en 1659, il apporta le go-ti et le chin-na chinois, des formes de kung-fu, au temple Kokushoji de Yedo où il enseigna son art à trois ronins, Fukuno Masakatsu (ou Hichiroemon), Miura Yoshitatsu (ou Yojiernon) et Isogai Jirozaemon. Ces troisdisciples, fondant chacun par la suite sa propre école, sont considérés comme les patriarches du ju?jitsu par de nombreux styles qui prétendent en dériver. Même si le ju-jitsu existait déjà avant lui, ce Chinois providentiel fut responsable d’une soudaine expansion de l’art. Il s’appelait Chang Yuan Pin (Chin Gempin, en japonais).
  • Le second personnage important de cette époque, fut Shirobei Akiyama un médecin de Nagasaki qui aurait étudié en Chine trois méthodes de hakuda et 28 techniques de kwappo (ou kuatsu). De retour au pays, il fut déçu par la superficialité de ses disciples et, mortifié, se retira pour une longue méditation dans un temple ; après 100 jours de contemplation intérieure, en plein hiver, il eut soudain l’illumination en voyant une branche de saule ployer sous la neige avant de se détendre, libérée. Cette défense naturelle et toute en souplesse de l’arbre si frêle l’impressionna beaucoup ; il appela sa propre méthode de ju-jitsu yoshin ryu, « Ëcole du coeur de saule ».

En revenant aux origines du JU-JITSU, le maître JIGORO KANO créateur du JUDO moderne (1860 – 1939) explique, que venant de Chine, les premiers maîtres donnèrent un enseignement de base très rudimentaire. Les techniques d’attaque et de défense portaient essentiellement sur l’utilisation des mains et des pieds. Au fur et à mesure, les pratiquants utilisèrent davantage la souplesse, l’esquive venue du travail au sabre, le contrôle de l’attaque, l’apport de luxations et projections. Le JU-JITSU était né. L’origine du ju-jitsu proprement dite, construction intelligente et non plus résultat empirique, semble bien se situer entre 1600 et 1650. Que ce soit Chin Gempin ou Shirobei Akiyama ou encore un autre, le tronc commun semble se placer à l’aube de l’ère des Tokugawa ; à partir de là, plusieurs centaines de styles vont chercher à s’individualiser au cours des deux siècles suivants.

Les principales écoles de ju-jitsu à la fin des tokugawa

Takeno uchi

son fondateur est un policier du nom YAMAMOTO

Kito ryu Ju-Jitsu

Où maître Jigoro Kano fût élève

Takeno uchi

fondateur est un samouraï de haut rang HISAMORI

Yoshin

fondateur est médecin du nom SHIROBEI AKIYAMAI

Yoritomo

son fondateur fut MINAMOTO NO YORITOMO

D’autres écoles comme :Daito, Hakutsu, Jukishin, Juki, , Kushin, Miura, Sekiguchi, Shibukawa, , Soshuishitsu, Qnkai, Tsutsumi Hozan, Yagyu-Shingan, Taï-Jitsu. Il convient d’ajouter à cette liste, loin d’être exhaustive, de nombreuses écoles de bujitsu, notamment de ken-jitsu et de iai-jitsu (sabre) qui incorporaient dans leur enseignement des procédés de combat rapproché une fois que, pour une raison ou une autre, le combattant devait continuer à se battre de ses seules mains nues.

Le JU-JITSU contemporain au Japon

Les survivants d’une tradition

Après 1895 est fondé à Tokyo le Dai Nippon Butokukai, organisme national destiné à assurer dans le Japon moderne la survie des disciplines martiales de l’époque classique. Dans chaque art seront désignés les meilleurs experts pour y enseigner. Seront surtout concernées les disciplines nobles, c’est à dire faisant usage d’armes, mais également le judo puis l’aikido. La création de cet organisme est le signe d’un changement de climat, plus favorable désormais au retour des choses anciennes, dont le ju-jitsu.

  • Kishomaru Ueshiba, fils du fondateur, ainsi que Koichi Tohei, poursuivent dans la ligne de feu Maître Ueshiba.
  • Kenji Tomiki, également haut gradé en judo (1899-1978), enseigna au Kodokan (dojo central du judo à Tokyo) une méthode d’aikido qui est beaucoup plus une méthode de self-défense et un système d’éducation physique, avec pratique de la compétition (aspect fondamentalement rejeté par la voie tracée par Maître Ueshiba).
  • Kishomaru Ueshiba, fils du fondateur, ainsi que Koichi Tohei, poursuivent dans la ligne de feu Maître Ueshiba.
  • Kenji Tomiki, également haut gradé en judo (1899-1978), enseigna au Kodokan (dojo central du judo à Tokyo) une méthode d’aikido qui est beaucoup plus une méthode de self-défense et un système d’éducation physique, avec pratique de la compétition (aspect fondamentalement rejeté par la voie tracée par Maître Ueshiba).

D’autres anciens disciples de Ueshiba propagent actuellement un aiki à tendance dure, visant avant tout l’utilité en défense, et se trouvant de ce fait les survivants directs des anciennes formes d’aiki-jitsu. Enfin, reprennent vie d’autres formes plus ou moins synthétiques de l’ancien ju-jitsu, complétant cette volonté assez générale de retour aux sources par delà les transformations qu’avait subi cet art sous l’effet de la vague moderniste du début de ce siècle. Ainsi

  • Le shorinji-kempo est une autre synthèse due à Nakano Michiomi, plus connu sous son surnom de So Doshin, qui a essayé de regrouper les techniques de projection, de luxation, de contrôle et de coups frappés issus du shaolinzu-kempo chinois. Son style, assez spectaculaire, regroupe au Japon des centaines de milliers de pratiquants dont le dojo central se trouve à Tadotsu, dans l’île de Shikoku
  • hakko-ryu-ju-jitsu se développe de plus en plus, non seulement au Japon, mais encore aux U.S.A., au Canada, en Europe. Le créateur en est Ryuho Okuyama (décédé en 1987) qui enseigna une synthèse de techniques d’aiki-jitsu.
Extrait des livres : – La force Millénaire de Roland Hernaez. Editoin AAR Avril1997-  – Découvrir le Ju-Jitsu de R. Habersetzer. Edition Amphora s.a. . Février1997 –